Bruxelles, 28 septembre 1868, lundi matin, 9 h.
Encore nuit blanche, mon cher bien-aimé, mais je m’en fiche si tu as bien dormi. D’ailleurs je ne souffre pas, donc c’est tout plaisir. Maintenant que tu as conclu avec Lacroix [1], tu serais bien gentil de me dire, à un jour ou deux près, quand tu comptes retourner à Guernesey. J’ai besoin de le savoir pour la blanchisseuse d’abord et pour moi aussi afin de préparer mes clics et mes clacs en connaissance de cause. À ce propos, je te donne le chiffre de la note d’hôtel d’hier 224 francs 10, c’est-à-dire, avec les autres menues dépenses et la blanchisseuse, beaucoup plus d’argent que je n’en ai reçu. Suzanne est encore une fois à sec de toile, ce dont elle enrage car elle a l’ambition de vouloir emporter quelques provisions de bouche pour la cuisine de Guernesey. Moi, je suis par état passive dans toutes ces questions et j’attends ton bon plaisir en toutes choses quand et comme tu voudras. Pourvu que tu m’aimes et que je t’adore, je trouve tout bien.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 270
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette