Guernesey, 18 juin 1868, jeudi matin, 6 h. ½
Bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour, je t’adore et j’ai bien dormi. Êtes-vous content, MÔSIEURa ? Moi, pour que je sois contente de vous, il faut que vous me rendiez la pareille de tout au tout, le pouvez-vous ?
J’ai déjà fait ce matin mes douces et pieuses stations devant ton portrait, celui de petit Georges et celui de ma petite Claire [1]. C’est toujours par là que je commence ma journée, même avant d’ouvrir mes fenêtres, et c’est aussi par là que je la finis avant de me coucher. Dieu seul est dans la confidence de tout ce que je demande à ces chères âmes et j’espère qu’il l’approuve et qu’il nous bénit tous au ciel et sur la terre. Le premier de tous mes vœux, tu le connais, car c’est aussi le tien : MOURIR ENSEMBLE ET REVIVRE ENSEMBLE. J’espère qu’il sera exaucé. En attendant, je tâche de me tenir au plus près de ton cœur et de ton âme pour que le même souffle nous emporte enlacés l’un l’autre.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 169
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
Guimbaud, Souchon