Guernesey, 17 mars 1868, mardi matin, 7 h.
Bonjour, toi que j’aime, bonjour à plein cœur, à pleine nuit, à plein tout ce qui est bon, adorable et charmant. Tant pis si cela vous fâche.
Dites donc, môsieur, vous me devez quatorze sous ! Ne l’oubliez pasa. En attendant que vous me rendiez compte de votre nuit, j’espère qu’elle s’est aussi bien passée que la mienne qui a été excellente de tout point. Que dis-tu du temps ce matin, mon adoré petit homme ? Moi, je crois qu’il fera beau et que je pourrai faire un petit passus avec toi, sans gêner en rien ton courrier d’aujourd’hui. Tu en décideras quand nous y serons tantôt. L’important est que tu aies de bonnes nouvelles de tout ton monde et j’espère qu’elles ne te manqueront pasb.
À propos, tu feras bien d’apporter du papier à lettresc car j’ai donné hier à la petite Thérèse les deux dernières feuilles blanches qui restaient dans le buvard pour écrire à ses parents d’Aurigny [1]. Il ne reste donc plus qu’un peu de papier bleu. Te voilà averti. Je ne peux pas faire mieux si ce n’est de t’aimer avec violence ce que je fais tous les jours.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 78
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) Deux rectangles sont dessinés. Un portant dix points et un autre portant quatre points.
- © Bibliothèque Nationale de France
b) « elles ne te manquerons pas ».
c) « papier à lettre ».