Guernesey, 13 mars 1868, vendredi matin, 7 h. ¼
Bonjour, mon grand bien-aimé, bonjour, je t’adore et j’ai passé une très, très, très bonne nuit. J’espère que tu en auras fait autant de ton côté et que tu m’aimes un peu.
Je ne sais pas ce que sera le temps tantôt mais je me tiendrai prête à faire ton passus comme hier dans le cas où tu le pourrais. Le moment approche où M. Lecanu doit venir te voir avec son ami puisqu’ils comptent profiter des vacances de Pâques. Il me semble qu’ils doivent t’en prévenir quelques jours d’avance. J’ai besoin de le savoir pour me préparer à les recevoir de mon moins mal si je peux, à moins que ta femme ne vienne avec eux, ce qui n’est pas impossible, auquel cas mon hospitalité de seconde hand deviendrait inutile. Nous saurons cela bientôt probablement. En attendant, je profite sans remords de la situation qui m’est faite pour mettre mes petits plats dans les grands et mon cœur et mon âme à la sauce d’amour.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 74
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette