24 juillet 1851, jeudi matin, 11 h.
Toujours cet horrible temps, mon pauvre petit homme. Toujours la pluie et le vent. Heureusement que tu résistes à toutes ces mauvaises influences et à tous les surcroîtsa de fatigue qui se multiplient tous les jours pour toi. Ta gorge va mieux et M. Cabarrus espère, est sûr, ce qui vaut mieux, que tu seras entièrement guéri d’ici à l’hiver. Cette bonne nouvelle m’est entrée hier si avant dans le cœur qu’elle en a fait sortir du même coup toutes les douloureuses inquiétudes qui s’y étaient logées depuis trop longtemps. Toi guéri, mon doux bien-aimé, toi heureux, toi admiré, toi puissant, toi vénéré, toi m’aimant c’est mon rêve étoilé dans lequel je marcherai vivante [1] dès que tu ne souffriras plus du tout. Tâche que ce soit bientôt. Soigne-toi, sois prudent et pense souvent à moi, mon âme.
Il n’est pas probable que tu trouves le temps d’aller à l’Académie aujourd’hui. Mon grand petit homme, ce sera beaucoup si tu peux aller à la Chambre et y aller avec moi à cause de tout ce que tu as à faire avec ton Charles aujourd’hui. Je m’y attends et je me résigne d’avance en pensant que c’est dans l’intérêt de ce cher enfant. Et pour que mon sacrifice soit moins pénible je t’aime, je t’aime, je t’aime, je t’aime.
Juliette
BnF, Mss NAF 16369, f. 143-144
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Florence Naugrette
a) « tous les surcroits ».