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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 10 octobre 1881, lundi matin, 11 h.

Cher bien-aimé, je vais aller tout à l’heure savoir des nouvelles de ta grasse matinée qui, je le désire et l’espère, aura été selon mon cœur. Moi, pendant ce temps-là, j’ai donné séance aux fumistes pour toute la maison, ta chambre exceptée, qu’on fera à part tantôt.
Le temps est beau et nous ferons bien d’en profiter pendant qu’il est là. Demain nous saurons par Jourde et par Rivet ce qui s’est passé à Saint-Quentin samedi [1]. Jusque là, nous n’avons que des comptes rendus plus ou moins suspects.
Les lettres de mendiants continuent à affluer plus nombreuses et plus exigeantes les unes que les autres. Il semblerait que cela devrait être le contraire, en bonne logique, mais elle s’accorde difficilement, paraît-il, avec les besogneux et les ventres creux ; c’est ce qui fait qu’au lieu d’apaisera les malheureux, vrais ou faux, par ta généreuse aumône, tu n’as fait que les surexciter. C’est le cas de ce souvenir de cet aphorisme : « Fais ce que tu dois, advienne que pourra ». C’est ce que, pour ma part, j’ai toujours pratiqué envers toi, à mes risques et périls.
Autre guitare, c’est au tour de Petite Jeanne de déjeuner avec toi ce matin. Demain ce sera celui de Georges puisque ces deux astres ne peuvent se réunir que le soir.
Je compte payer la blanchisseuse aujourd’hui quand tu me donneras l’argent de la maison. Quant à mon cœur, il est toujours en fonds, tu n’as qu’à y puiser.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16402, f. 226
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette

a) « appaiser ».

Notes

[1Le 8 octobre 1881, Saint-Quentin inaugure un monument « À la gloire des citoyens de Saint-Quentin, qui, dans la journée du 8 octobre 1870, repoussèrent héroïquement, sous la conduite de leur valeureux préfet, Anatole de la Forge, un corps de troupes allemandes ». Invité à la fête, Hugo ne s’y est pas rendu. (Actes et Paroles, Laffont, « Bouquins », p. 1068.)

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