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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 21 juillet 1881, jeudi matin, Saint Victor

Cher bien-aimé, je te souhaite tout le bonheur que tu mérites et que je suis impuissante à te donner. C’est le souhait de tous les instants de ma vie que je te répète, plus haut encore, si c’est possible, en l’honneur de ta fête [1].
Je souhaite que tu vives assez longtemps pour voir les enfants de ta Jeanne, et les succès de ton Georges. Je souhaite que tu me survives longtemps sans m’oublier. Je te souris, je t’adore et je te bénis aujourd’hui sur la terre comme je t’adorerai, te sourirai et te bénirai, je l’espère, au ciel de toute éternité.
Je crains que ta nuit n’ait été bien tourmentée par ton rhume qui s’accentue de plus en plus. Je pense que le Docteur Sée te donnera ce soir quelques bonnes indications pour le faire cesser. En attendant, mon grand petit homme, tâche de rattraper une partie de ta nuit en pionçant à poings fermés toute la matinée.
Moi, pendant ce temps-là, je m’occupe à mettre les petits plats dans les grands. Ça ne sera pas de ma faute si je ne parviens pas à te satisfaire car je n’ai pas d’autre objectif en ce monde, et plus particulièrement à l’occasion de ta fête vénérée et sacrée au ciel [et] sur la terre, que de te complaire en toute chose. Les fleurs continuent à affluer et je continue, aussi, à les faire refluer chez Mme Lockroy.
Le dernier venu, de bouquet, est envoyé par la fille du brave Carjat avec une bonne lettre du père. Mme Lockroy, qui avait invité de ta part Mme Ernest Lefèvre pour ce soir, a reçu de cette charmante femme ce matin un télégramme d’acceptation. Donc, nous serons quatorze, bien compté, assis à ta table ce soir. Tous décidés à faire joie et liesse autour de toi. Même la plus grognon et la plus cacochyme comme moi.
Le soleil, lui-même, a la courtoisie d’éteindre quelque peu son feu trop ardent pour nous permettre de nous en donner à cœur que veux-tu sans suer sang et eau. Tout s’annonce donc pour le mieux à cette heure. Maintenant all righta ! Puissions-nous finir la journée comme nous l’avons commencée, en te souriant, en t’admirant, en te vénérant et en t’adorant : vive Victor Hugo !!! Voilà le mot de la fin qu’un petit enfant vient de me jeter en passant.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
[Massin, Souchon]

BnF, Mss, NAF 16402, f. 165
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette

a) « reigt ».

Notes

[1Le 21 juillet est le jour de la Saint Victor.

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