Paris, 23 avril 1881, samedi matin, 8 h.
En dépit de notre nuit cahin, caha, il faut que nous soyons geais comme pinson en l’honneur de la fête de ton cher Petit Georges [1] auquel j’ai bien envie d’offrir un énorme bouquet de fraises de ta part, si tu le permets, comme je n’en doute pas.
Je regrette de n’avoir pas pensé à inviter quelques jeunesses pour tempérer un peu la gravité solennelle de Schœlcher et des Renan ce soir. Peut-être Mme Lockroy y aura-t-elle pourvu ; mais, dans tous les cas, nous tâcherons d’être heureux, ce qui nous sera facile, et d’une gaîté folle, ce qui n’est pas impossible, le cœur aidant.
Autre guitare, tu es délégué, de [la] part du grand chancelier de la légion d’honneur, pour conférer à M. Binsse de Saint-Victor [2] le grade d’officier de la légion d’honneur avec la décoration et les pièces qui lui sont destinées.
On t’informe, en même temps, qu’ena cas d’empêchement de ta part, tu pourras transmettre la présente délégation à tel membre de l’ordre que tu jugeras convenable de choisir, pourvu, toutefois, qu’il soit d’un grade au moins égal à celui du titulaire.
À mon tour, maintenant, de te conférer le titre d’homme de Dieu que j’adore de toute mon âme.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16402, f. 88
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette
a) « au ».