27 janvier 1872

Paris, 27 janvier [18]72, samedi matin, 9 h.

Bonjour, mon cher bien-aimé. J’espère que tu as bien dormi et tes deux chers petits enfants aussi. On vient de me dire tout à l’heure que Madame Charles s’oppose absolument à ce qu’on les amène le soir ici. Malgré la grande privation que tu en éprouveras et moi aussi, en principe je trouve qu’elle a raison au point de vu de leur santé. Mais où je l’approuve moins, et même pas du tout, c’est qu’elle fasse capricieusement fléchir ce principe au risque même de mettre l’une de ces deux chères petites têtes sous le chiffre redoutable 13 quand il lui plaît de les amener le dimanche. Un tout autre jour encombré au reste, c’est son droit et pour ma part je n’ai rien à dire si ce n’est de regretter la présence de ces deux adorables petits êtres quand on les retient chez eux et de me réjouir cœur et âme quand on les amène chez moi. Il paraît que nous n’aurons ni ton fils ni madame Charles ce soir à dîner. Ce qui réduit notre nombre à trois, Schoelcher compris, si personne ne s’ajoute à notre trio ce qui est peu probable. Le temps continue d’être maussade et laid ce qui ajoute encore à la tristesse de la situation. Heureusement que j’ai en moi le vrai soleil amour et l’unique bonheur de t’adorer.

BnF, Mss, NAF 16393, f. 24
Transcription de Guy Rosa