Paris, 6 décembre 1879, samedi matin
Tu as bien dormi, je t’aime, le temps est beau, le bon Dieu est beau, les petits oiseaux sont contents, réjouissons-nous, aimons-nous et rendons grâce à Dieu.
Je viens de constater dans L’Officiel [1] qu’il n’y a pas autre chose au Sénat que l’ordre du jour pour lundi prochain indiquant : « séance publique à deux heures. Pour la discussion du projet de loi portant fixation du budget des dépenses de l’exercice de 1880. M. Varroy rapporteur ». C’est tout.
Quant aux lettres, tu as par devers toi celle du Maire Girold [2] dans une grande enveloppe jaune sur ta cheminée à droite, les autres sont ici en attendant que Lesclide vienne t’aider à les débrouiller demain. Je ne sais pas si tu as écrit à Mme Chenay mais dans le cas où tu ne l’aurais pas fait encore tu feras bien de le faire aujourd’hui même, car Dieu sait, maintenant, quand Paul Meurice ira à Guernesey. Je te dis cela d’office et en mouche de ton coche que je suis fière d’être.
J’espère que nous profiterons de ce beau soleil pour nous promener tantôt après le déjeuner. On dit qu’il y a des loups au bois de Boulogne c’est le cas d’y aller voir. En attendant je t’adore dans ma tanièrea.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16400, f. 296
Transcription d’Apolline Ponthieux assistée de Florence Naugrette
a) « tannière ».