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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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30 avril 1839

30 avril [1839], midi ¾, mardi

Bonjour mon cher petit bien-aimé, bonjour mon adoré, comment vas-tu, mon amour ? La cocotte est toujours bien souffrante mais plus calme. Je l’ai mise couverte à un bon soleil afin qu’elle prenne un peu d’air pur. J’ai écrit à Mme Krafft pour le théâtre, ainsi, c’est une affaire terminée, il ne me reste plus qu’à m’engager à l’Ambigu ou au Cirque Olympique, en supposant que les chevaux soient assez bêtesa pour m’admettre dans leur troupe. En attendant je vous aime comme un lion et je vous désire comme le Bon Dieu. Je n’ai de joie et de soleil que lorsque je vous vois. J’espérais que vous viendriez ce matin, mais vous ne vous prodiguez pas comme cela, vous. Vous êtes économe et parcimonieux de MON bonheur. Oh si j’étais la maîtresse, je mettrais joliment les morceaux doubles du bonheur, et je vous réponds que je n’en perdrais pas une minute. Mais hélas je ne suis que votre maîtresse, c’est-à-dire votre esclave et je suis forcée à me moucher avec les barreaux de ma cage en vous attendant, triste bonheur et consolation médiocre quand on aime comme je vous aime et qu’on n’est pas enrhumé du cerveau.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16338, f. 111-112
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « bête ».


30 avril [1839], mardi soir, 10 h.

Vous n’êtes pas venu nous chercher, vilain homme, et vous pensez que c’est très bien ainsi, vieux blagueur ? C’est bon, une autre foisa je ne vous croirai plus, il sera temps après six ans de crédulité. Je vous écris tard parce que j’ai joué avec les péronnelles et puis que Mme Bensancenot est venue tailler une bavette en venant chercher sesb filles. J’ai encore mes comptes de fin de mois à faire, mais ma foi il est possible que je les remette à un autre jour car j’ai très mal à la tête. Je voudrais bien savoir pourquoi vous avez fait cette FAUSSE SORTIE du côté de l’église et que vous êtes revenu cinq minutes après ? Il y a peut-être par là quelque femme à MOUSTACHES que je surveillerai à mon tour. Je n’ai pas besoin, moi, d’avoir plus de confiance en vous que vous n’en avez en moi, aussi soyez prévenu que je vais vous surveiller de près. Baisez-moi, vieux rabat-joie et ne soyez pas encore trois heures avant de venir. Je vous aime ; vous devez être las de vous l’entendre corner aux oreilles depuis six ans, 2 mois et 13 jours.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16338, f. 113-114
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « autrefois ».
b) « ces ».

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