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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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25 avril [1839], jeudi matin, 11 h. ¼

Bonjour mon cher petit bien-aimé, bonjour mon adoré, comment vont tes pauvres yeux ce matin ? Cette nuit tu en souffrais beaucoup, [illis.] mon cher petit homme, et il est probable que tu n’en auras tenu aucun compte et que tu auras travaillé tout le reste de la nuit sans pitié d’eux ni de moi ? Je t’aime, je t’adore mais je suis triste. Le temps est comme moi aussi lui, quoique son Toto n’ait probablement pas mal aux yeux ? Je vais prendre un bain tantôt, il y a longtemps que je n’en ai pas pris et je commence à souffrir beaucoup de mes reins. Je l’aurais pris ce matin si ces baigneurs avaient eu de l’eau chaude. Pour peu que ce froid continue il va falloir racheter du bois. Je vais finir de brûler les trois ou quatre petits margotinsa [1] qui me restent, après quoi j’userai du grand calorique des cochons de fiacres [2]. Vlan ! Vlan ! Et Vlan !!! Toutes vos nouvelles d’hier ne m’ont pas fait sourire. J’aurais mieux aimé autre chose et surtout que tu n’aies pas mal à tes yeux adorés, mon Toto. Je suis triste dans l’âme quand tu souffres, ce qui fait que je n’ai pas grand mérite à désirer par-dessus toute chose ta santé et ton bonheur.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16338, f. 91-92
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « margottins ».


25 avril [1839], jeudi soir, 9 h.

Êtes-vous taquin, allez, je croyais que vous reviendriez voir chez Mme Pierceau si je ne me livrais pas à des danses défendues, et pas du tout, vous ne venez pas, comme un vieux sournois que vous êtes. À quoi sert d’avoir mis un morceau de lard dans ma souricière si je ne peux même pas attrapera un vieux RAT comme vous. Je vous en veux, allez, car j’avais compté vous baiser ce soir pour mon dessert et voilà que j’ai compté sans mon autre [3] et que C’EST TRÈS SÈCHE. Mme Pierceau, sensible à mes reproches, s’est fait deux stores ravissants, un pour chaque croisée. Maintenant on peut se croire presque chez soi. Vous saurez, mon Toto, que je travaille comme un bijou. J’ai déjà fait une paire de manches, mais il en reste une autre PAIRE DE MANCHES que je vais faire en vous attendant. Tâchez que je n’aie pas le temps de la finir. Baisez-moi, vieux GUÉRARD [4]. Dorénavant, je me cacherai pour manger entre mes repas, ce sera bien fait. Pourquoi que vous me comptez les morceaux, vieux AVARE. Baisez-moi, baisez-moi, baisez-moi, baisez-moi et repentez-vous. Je vous aime de toute mon âme.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16338, f. 93-94
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « attrapper ».

Notes

[1Margotins : Fines branches pour allumer le feu.

[2À élucider.

[3Déformation de « compter sans son hôte », ne pas prévoir les impondérables.

[4À élucider.

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