8 septembre [1841], mercredi soir, 7 h. ¾
Il est probable, mon cher petit Chinois [1], que vous êtes à Saint-Prix [2] et que j’en serai pour mon encensoir, mes joyaux GROENLANDAISa, mes babouches d’or, mon vase et mon bonheur au moins d’ici à demain soir ? Hélas ! j’en ai plus peur qu’envie, ce qui ne me met pas beaucoup de baumeb dans mes épinards et ne me fait pas rire, je vous l’assure. J’aimerais mieux pas du tout de groenlandaisa à mon mur et un peu plus de votre groin sur mon museau. Je suis flouée, vexée et attristée au-delà de toute expression. Claire est alléec chez son père, voici bientôt une heure qu’elle est partie [3]. Suzanne est allée chez la mère Pierceau sans la trouver, ainsi que chez la marchande de modes. On dirait que ces deux affreuses péronnelles se sont donné le mot pour faire [votter/vatter ?] cette infortunée servarde qui n’a pas trop de jambes ni trop de temps à perdre.
Vous ne m’avez pas dit, affreux bonhomme, s’il fallait copier ce que vous avez écrit sur la Suisse, de sorte que je me contente d’en mettre jusque sur mes babines, quitte à me lécher les barbes après [4]. Tiens tant pire pour vous, c’est pas à moi à faire la chatte vertueuse mais c’est à vous à serrer votre LAID. Jour, vilain monstre, tu n’auras tes dessins [5] et ta culotte que lorsque tu seras revenu et que tu m’auras apporté tout ce qui m’appartient. En attendant, je te déteste à ma façon.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16346, f. 205-206
Transcription de Gwenaëlle Sifferlen assistée de Florence Naugrette
a) « GROËLENDAIS » et « groëlendais ».
b) « beaume ».
c) « allé ».