Paris, 17 juillet [18]79, jeudi matin, 8 h.
Bonjour, mon grand, mon adoré bien-aimé, sois béni. Le temps est triste mais mon âme est gaie. Elle te sourit, elle a pleine confiance en toi, sois béni. Je me hâte de mettre tout en ordre avant d’aller à Versailles [1] pour être bien sûre que rien ne clochera ce soir quand nos amis seront là. Je sais que Lockroy va mieux et j’espère qu’il sera des nôtres ce soir, ce qui n’empêchera pas des vides autour de ta table hospitalière à cause de la villégiature à Villequier des charmants jeunes époux Glaize et de leur non moins jeune père Ernest Lefèvre. Mais toutes ces lacunes seront plus que comblées par le bonheur que j’ai dans le cœur et qui suffirait à remplir le ciel et la terre. Tu m’aimes, je t’aime, soyons heureux et dignes de notre bonheur par la bonne foi et la confiance mutuelle.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16400, f. 176
Transcription d’Apolline Ponthieux assistée de Florence Naugrette