Paris, 10 juillet [18]79, jeudi matin, 8 h. ½
Mon cher bien-aimé, je ne sais quel parti prendre. Dois-je te réveiller ou te laisser dormir sans t’interrompre ? Dans le doute je n’ose pas m’abstenir et je crois bien que j’irai tout à l’heure auprès de toi pour te donner le choix entre le Sénat et l’Académie, tous les deux aussi peu intéressants l’un que l’autre. Mais je te porterai en même temps un léger résidu des bénéfices d’Hetzel et compagnie (589 F 55), cela vaut mieux que rien. De plus je te lirai une lettre d’invitation du comité de la ville de Bordeaux, qui te prie de présider le banquet qui sera donné en l’honneur du 14 juillet. C’est s’ya prendre un peu tard, je trouve, mais les banquets n’y regardent pas de si loin. Entre temps, peut-être te lirai-je une lettre de mon pauvre Louis [1] quoique cela me coûte un peu, sachant d’avance que tu n’es plus à temps, après l’affaire du jeune Morin, de rien demander à Jules Ferry [2]. Enfin je le ferai pour l’acquit de ma conscience mais je t’en demande pardon d’avance.
Cher adoré, tu as été bien bon hier, je t’en remercie du fond du cœur. Sois béni autant que tu es aimé, sois heureux autant que tu es béni. J’attends ton beau buste avec reconnaissance jusqu’au jour où je le rendrai à ta famille.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16400, f. 173
Transcription d’Apolline Ponthieux assistée de Florence Naugrette
a) « si ».