Bruxelles, 12 septembre [1867], jeudi, 2 h. ¾ après midi
Cher adoré bien-aimé, je suis encore un peu patraque mais je t’adore. J’ai bien regretté hier de ne pouvoir pas achever cette dernière soirée de villégiature avec toi et tous les chers tiens Place des Barricades [1]. Mais mon bête de mal ne me l’a pas permis. Je suis rentrée pour me mettre au lit tout de suite et j’ai dormi tant bien que mal jusqu’à six heures. Je ne me suis pourtant levée qu’à dix heures tant j’étais fatiguée et endolorie depuis la tête jusqu’aux pieds. Enfin, la crise s’est calmée et j’ai pu déjeuner avec deux œufs à la coque et une tasse de thé. Maintenant que je suis remontée sur mon dada, je reviens à mes chers moutons, c’est-à-dire à toi, au petit Georges et à son auguste famille. Mon cœur ne sait plus auquel entendre de vous tous. Je suis ravie, attendrie, éblouie, heureuse plus qu’il n’est permis de l’être à une pauvre vieille femme comme moi. Mon effusion déborde de tout le bonheura que je viens d’avoir pendant ces quinze jours de fleurs, d’enfant, de soleil, de famille et d’air pur. Je t’adore et je vous bénis.
BnF, Mss, NAF 16388, f. 224
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
[Souchon, Massin]
a) « tous le bonheur ».