8 mai [1849], mardi matin, 7 h.
Bonjour, mon Toto, bonjour, mon très aimé, trop aimé petit homme, bonjour. Comment vas-tu ce matin ? Moi j’ai mieux dormi que la nuit passée et si tu m’aimes je vais très bien. À quelle heure es-tu rentré hier au soir ? Tu n’as pas été mouillé ? Tu sais, mon Toto, combien il est important d’avoir les pieds secs et d’éviter les refroidissements de toute nature ? Je te supplie, mon petit homme de ne pas dédaigner toutes ces petites précautions hygiéniques pendant ce temps de choléra [1]. J’avais presque envie de t’envoyer les potions hier au soir et je crois que je vais te les envoyer tout à l’heure par Suzanne avec recommandation à Isidore de te les remettre en main propre dès qu’il entrera chez toi. J’y joindrai la petite note explicative de M. Leboucher sur la manière de s’en servir. Puisque cette chose est achetée, il faut s’en servir dès à présent. Si cela ne sert pas, cela ne peut pas nuire, ainsi on ne risque rien à en essayer. Tu feras bien d’insister pour que toute ta famille en prenne. Jour Toto, jour mon chez petit o. Je t’aime à jets continus et sans la moindre intermittence. Je voudrais être avec toi pour te soigner, te servir et fermer la porte sur le nez de toutes les Poléma des quatre coins du monde. Prenez-moi donc avec vous si vous l’osez. Je vous en défie.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16367, f. 127-128
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Jean-Marc Hovasse