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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 21 octobre [18]67, lundi matin, 7 h. ½

Je t’ai devancé ce matin, mon cher bien-aimé. Pas de beaucoup, il est vrai, mais assez pour me faire craindre que tu n’aies pas eu une bonne nuit. Puissé-je me tromper et savoir de toi tantôt que tu as dormi comme un NOIR. Moi, j’ai passé une très bonne nuit, ce qui ne m’empêche pas d’avoir mal à la tête ce matin, ce que j’attribue au mauvais temps. Comme nous avons bien fait de ne pas attendre le retour du beau temps, qui ne revient jamais en cette saison, pour réintégrer domicile ici ! Peut-être ai-je tort de m’en réjouir si tu dois en souffrir comme ce n’est que trop probable. Il est impossible que cela soit autrement quand on songe à tout ce que tu as laissé là-bas, dans cette petite maison de la place des Barricades, de bon, de noble, de tendre, d’éclatant et d’éblouissant, en quittant ta famille bien-aimée. La pensée que tu souffres au plus vif de ton cœur m’est insupportable et doublement douloureusea en sentant que je n’y peux rien que t’aimer, t’aimer, t’aimer. Mais tout l’amour du monde ne saurait combler le vide qu’il y a entre Guernesey et Bruxelles, c’est-à-dire entre ton baiser et la joue du petit Georges. Je le sens et j’en suis triste pour toi et pour lui, et je donnerais tout mon cœur pour que les vôtres ne soient pas séparés.

BnF, Mss, NAF 16388, f. 254
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « doublement douloureux ».

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