Guernesey, 21 décembre 1855, vendredi soir, 7 h. ½
C’est aujourd’hui que le bonhomme HIVER installe son givre et des FRIMASa sans souci de L’ARRIÈRE-BILE [1] et des Totos de mauvaise foi. Quant à moi j’ai un amour des quatre saisons qui me permet à mon âme d’être toujours en fleur en dépit de toutes les ombres qu’y font, les vieux penaillons fétides et dégoûtants dont vous l’entourez. Mais : patience et longueur d’ALIEN-BILL, font plus que force, et que rage [2] et je vous promets de renaître comme le PHÉNIX des cendres de vos vieilles loques dussai-je y mettre le FEU. En attendant vous METTEZ DU BOIS À TIRE-LARIGOTb au risque de me faire fumer..... ma cheminée. Taisez-vous, vilainec bête de frileux, et attendez-vous à un mobilier MONSTRE d’ici à SIX semaines tant va la Juju à la guenille qu’à la fin elle s’emplit de COMMODES NEUVES et d’ARMOIRES EN ACAJOU. Maintenant je vais aller achever de cuver mon indignation chez MADEMOISELLE Le Boutillier en vous attendant, ce qui me permet d’économiser un bout de chandelle et quelques morceaux de charbon dont vous avez trop abusé tantôt. Sur ce baisez-moi si vous l’osez sans rire.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16376, f. 408-409
Transcription de Magali Vaugier assistée de Guy Rosa
a) « frimats ».
b) « à tire la rigo ».
c) « vilain ».