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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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29 février 1836

29 février [1836], lundi matin, 11 h.

Bonjour cher Toto, bonjour mon pauvre martyr d’hier au soir. Bonjour, je t’aime. Je ne suis pas tout à fait aussi bien ce matin qu’hier mais j’espère beaucoup du déjeuner. J’ai un grand mal de tête et de gorge et de plus je souffre du dos et des entrailles. Voilà, j’espère un attirail complet de maux. Cependant mon plus grand mal, celui que je sens le plus, c’est de ne pas vous voir et de ne pas vous baiser à mon aise. J’avoue que de tous mes maux celui-là est le plus malin.
J’espère mon cher petit garde malade qu’en bon chrétien vous vous dépêcherez de guérir ce mal-là, dussiez-vous en éprouver beaucoup de chagrin. Bonjour donc, en attendant que je puisse vous faire des démonstrations plus vives et plus tendres, avec les lèvres et le cœur. Je me sens plus éloquente en pantomime qu’en style épistolaire. Je me sens du génie dans vos bras mais seule je ne suis qu’une pauvre bête d’amoureuse bien triste et bien maussade.
C’est que je t’aime, vois-tu, c’est que je t’adore, c’est que tu es ma joie et mon bonheur. Mille et mille baisers.

Juliette


BnF, Mss, NAF 16326, f. 149-150
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa


29 février [1836], lundi soir, 8 h. ¾

Mon cher petit bijou, je ne vais pas me coucher sans te dire un petit bonsoir affectueux. Sans te dire que je ne sais lequel j’aime le plus de toi amant et amoureux ou de toi garde-malade et dévoué à toutes les exigences les plus absurdes de la Juju malade. Vous êtes tous les deux également admirables et adorables, et je vous aime et je vous admire de tout ce que j’ai d’admiration et d’adoration dans mon pauvre petit pot fêlé.
Bonsoir papa, bonsoir mon adoré, je suis toujours bien souffreteuse. Je crois que je n’ai plus rien de bon que l’âme et je te la donne, ainsi ce qui me reste ne vaut pas un regret.
Bonsoir chéri, je crains que les préparatifs que tu as voulu faire ce soir ne cachent une absence sinon coupable, du moins trop prolongée pour mon bonheur, car je suis heureuse quand tu es là.
Une dernière fois bonsoir, je te baise tes deux petites mains modèles.

Juliette


[Au verso :] À mon bien-aimé.

BnF, Mss, NAF 16326, f. 151-152
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa

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