Jersey, 25 octobre 1855, jeudi après-midi, 3 h.
Méfiez-vous, affreux scélérat car je suis plus absinthe qu’absente malgré vos conseils insidieux. M’éloigner n’était pas trop maladroit, j’en conviens, malheureusement, je vous ai laissé trop voir que je comprenais la MACHINE. Maintenant, je n’ai aucun bénéfice à rester chez moi pendant que vous courez des bordées dans le coin des baisers. Et il y a de ces coins-là partout. C’est pour cela que je reste ingénument dans mon coin … à rien du tout, attendant patiemment que vous veniez quand vous n’auriez rien de mieux à faire. Taisez-vous, je vous connais. En attendant j’ai vu la [Pindarde ?] qui a enfin trouvé tous ses cadres arrivés. Elle n’est restée que dix minutes en tout. Demain, il est convenu que vous irez la chercher à midi si c’est possible afin qu’elle ait le temps dans la même journée de me donner une dernière couche et de faire la maison Préveraude [1] quoiqu’il ne soit pas probable qu’elle parte lundi prochain. Du reste, je ne sais pas pourquoi je vous donne tous ces détails que vous connaissez déjà probablement. Retaisez-vous, vilain monstre, mais hâtez-vous de revenir si vous ne voulez pas que d’ABSINTHE que je suis, je ne devienne CHICANE ; à quand l’EXCHEPIULCHIONE [2]. Barbier m’a raconté beaucoup de choses MAIGRES et entrelardées. je vous les redirai si vous ne les savez pas. En attendant je vous aime à feu et à sang et je vous baise à bout portant.
Juliette
BNF, Mss, NAF 16 376, f. 340-341
Transcription de Magali Vaugier assistée de Florence Naugrette