Guernesey, 14 juillet [18]67, dimanche matin, 6 h.
Bonjour, mon grand bien-aimé, ne te réveille pas. Je t’adore. J’ai passé une bonne nuit et ma crise est presque finie. J’espère qu’elle ne me reprendra pas d’ici à quelque temps.
À propos de temps, celui de ce matin me paraît tout à fait propice pour la traversée de demain [1]. Je voudrais déjà qu’elle fût faite et la seconde aussi. J’espère m’en tirer aussi bien que l’année dernière mais je n’en serai sûre que lorsqu’ellesa seront passées. Je voudrais être déjà du retour pour n’avoir plus à y songer. Mais je te rabâche ma couardise à satiété au lieu de te parler de toi et du bonheur que tu vas avoir à te retrouver en famille après huit grands mois de séparation. Je crois même qu’il sera bien difficile que tu sortes de la place des barricades une fois que tu y seras entré. Quant à moi, je suis prête à tout pour ta plus grande satisfaction et pour celle de tous les tiens. Sois heureux et je serai heureuse. Je t’aime.
BnF, Mss, NAF 16388, f. 187
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « lorsque elles ».