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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1835 > BnF, Mss, NAF 16323, f. 28-29

Jeudi matin, 10 h. ¼

Bonjour, mon cher petit homme bien-aimé. Tu n’es pas venu ce matin, ce qui me fait craindre que tu ne te sois trop fatigué cette nuit à travailler. Pauvre Victor, c’est bien vrai que tu travailles trop. Ce ne sont pas les plaisanteries que je fais quelquefois sur ton bonheur qui m’empêchent de sentir combien tu dois être fatigué de ce travail sans relâche, de cette vie sans repos. Je voudrais pouvoir alléger ton fardeau, c’est un souci que j’ai bien souvent et sur lequel tu te méprends toujours. Oui, mon bien-aimé Victor, je voudrais être indépendante de toi, non pas par orgueil, mais par amour. Je voudrais raccourcir tes journées laborieuses, afin que tu aies plus de temps à donner au bonheur d’être aimé par moi. Tu ne sais pas assez jusqu’à quel point je t’aime. Je ne te le dis pas bien parce que je suis toujours préoccupéea de la pensée que tu ne viendras pas lorsque tu es absent ou que tu vas t’en aller aussitôt arrivé. Tu comprends que mon amour ainsi serré entre deux craintes ne se fait pas jour à son aise, ce qui est cause que j’en ai toujours la moitié au passage et l’autre moitié en dedans quand tu t’en vas d’auprès de moi.
Mais je t’aime. Mais je t’adore. Mais tu es toute ma vie.

Juliette.

BnF, Mss, NAF 16323, f. 28-29
Transcription de Jeanne Stranart et Véronique Cantos assistées de Florence Naugrette
[Souchon]

a) « préocupée ».

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