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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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5 mars 1861

Guernesey, 5 mars 1861, mardi matin, 8 h. ½

Bonjour, mon cher bien aimé, bonjour mon pauvre trop aimé, bonjour. Puissé-je n’avoir pas à te reprocher d’avoir troublé ta nuit par un accès de galanterie mal pris par moi. Une autre fois, je m’observerai mieux et je tâcherai de ne pas te montrer la tristesse que m’inspirent toujours ces petits manèges de flirtation et de marivaudage d’homme à femme, cette espèce de danse du panier du véritable amour et qui ne se fait qu’aux dépens d’un pauvre cœur confiant et honnête comme le mien. Cependant, comme je ne veux pas te gêner et te forcer à être devant moi autrement que tu ne l’es loin de moi, je tâcherai de ne pas prendre au sérieux plus qu’il ne faut ton papillonnage auprès de cette fleur desséchée. Tout vaut encore mieux pour moi qu’une heure d’insomnie pour toi ou de contrainte dans tes rapports avec les FEMMES DU MONDE. J’attends avec impatience que tu m’apportes de tes chères nouvelles qui sont bien réellement les tendres préoccupations de mon cœur en ce moment. Je donnerais tout au monde, même mon bonheur égoïste et personnel, pour la certitude que tu te portes bien ce matin. En attendant, mon pauvre bien aimé, je te donne et redonne mon cœur et mon âme, piètre cadeau, mais tu sais le proverbe : la plus vieille fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a.

BnF, Mss, NAF 16382, f. 63
Transcription de Sophie Gondolle assistée de Florence Naugrette

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