Paris, 10 juillet 1882, lundi matin, 7 h. ½
Cher bien-aimé, je regrette que tu n’aies pas trouvé une minute hier pour écrire un petit mot de condoléance à la pauvre petite Claire de Saint-Victor [1], si digne et si touchante dans son deuil sévère, à l’occasion du bout de l’an [2] de son père qui t’admirait et qui t’aimait tant ! Il me semble que tu devais cela à la fille de ce cher mort si dévoué à ta gloire. J’espère que ton cœur te poussera à lui écrire aujourd’hui même et toute affaire cessante. Il faudra que tu aies la bonté d’entendre la seconde lettre d’Henry d’Escamps plus pressante et plus ardente encore, si c’est possible, que toutes les autres. Enfin je te fais souvenir de répondre à la charmante lettre de Bergerat [3] car Bonté et Génie obligent encore plus que Noblesse ; c’est ce que tu sais mieux que moi ; mais ce que tu ne sauras jamais assez c’est que je t’adore d’un bout à l’autre de mon cœur et que je veux que tout le monde t’admire, te vénère et t’adore comme moi. Voilà pourquoi, mon divin bien-aimé, j’insiste jusqu’à l’importunité pour que tout le monde ait sa part de ta bonté, de ton génie et de ta bénédiction.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16403, f. 133
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette