Paris, 20 juin 1882, mardi matin, 8 h.
J’espère que tu as passé une meilleure nuit que la mienne qui n’a été qu’un long et douloureux cauchemara. Il est vrai que la journée elle-même m’y avait assez préparée. Espérons qu’il n’en sera pas de même de celle-ci et que nous pourrons nous sourireb sans souffrir. Je suis très contente que tu aies consenti à faire ce que tes petits-enfants, Bibiche comprise, désiraient. Plus tu céderas à leurs douces petites exigences, mieux cela vaudra pour nous. En attendant que d’autres occasions se présentent de les satisfaire, moi je te prie de me conduire demain, jour anniversaire de la mort de ma pauvre bien-aimée Claire, à Saint-Mandé [1]. Ce triste et doux pèlerinage est un acheminement pieux du côté de l’autre vie vers laquelle mon âme aspire. Aussi, mon cher bien-aimé, j’espère que tu ne refuseras pas de m’y conduire et j’iraic te rejoindre, tout de suite après, chez ta fille [2]. Je te souris je t’aime et je te bénis.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16403, f. 117
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette
a) « cauchemard ».
b) « sourir ».
c) « j’irais ».