Paris, 11 juin 1882, dimanche matin, 11 h. ½
Cher bien-aimé, nous sommes envahis et débordés, Lesclide et moi, par la quantité de lettres, de brochures, de journaux, d’allants et de venants et de solliciteurs de tout poil, de tout âge, de tout rang de tout sexe et de toutea aventure. La dernière est une princesse Pignatelli qui voulait que tu lui vendesb, n’importe à quel prix, l’entrée à la cérémonie pour Garibaldi au cirque d’Hiver aujourd’hui et dont tu es le président honoraire [1]. L’autre c’est Mme Crémieux qui demande un secours de cent francs. Tu sais que c’est en coupe réglée que cette dame exploite son veuvage et qu’elle n’est rien moins qu’intéressante à ce qu’on dit. Autre guitare, il paraît que Barnabé s’est associé à Médard et qu’ils s’entendent comme deux saints en foire pour nous dévaliser l’été [2]. C’est dégoûtant. Moi je me défends comme je peux et à grands renforts de bûches dans la cheminée. Je te conseille d’en faire autant de ton côté. Pas de Sénat avant mardi et ordre du jour très laconique. Voilà à peu près tout ce que mon agence Juju te signale cœur ou tête et âme surtout.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16403, f. 110
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette
a) « tout ».
b) « vende ».