11 janvier 1861

Guernesey 11 janvier 1861, vendredi matin, 9 h. ½

Bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour et bonheur si tu as passé une bonne nuit et si ta gorge va mieux c’est-à-dire tout à fait bien ce matin. J’espère que ce bon soleil et le dégel vont faire fondre ton mal de gorge comme dans une poële et qu’il n’en sera plus question jamais. En attendant cette bonne nouvelle, le sieur Grut^a a enfin compris que sa filouterie devait avoir un terme du moment où tu intervenais, aussi a-t-il rapporté mes six francs ce matin en ajoutant à Suzanne, pour la forme bien entendu, que je serais toujours maîtresse de prendre le devant de l’offre lorsqu’il lui viendrait. Mais je doute fort qu’il lui vienne jamais en supposant que le susdit viers coffre ait jamais existé autre part que dans son sac de passe-passe. Maintenant que, grâce à toi, j’ai eu raison de l’impudente escroquerie de ce vieux malhonnête je regrette d’en avoir parlé hier à Marquand qui, du reste, le connaît encore mieux que nous et puis d’ailleurs cela n’ira pas plus loin et puis voilà trois mois et deux jours que j’ai de la patience, il fallait bien que cela aboutît à une débâcle d’indignation. Tant pire pour lui. Une autre fois il y regardera à deux fois avant de prendre une [gruche  ?] pour dupe. Cela est bon pour les grands hommes [illis.] se laisser faire mais non pour les simples [illis.] qui se rebiffent.

BnF, Mss, NAF 16382, f. 10
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette

a) « Grutt ».