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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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10 mars 1839

10 mars [1839], dimanche, midi ¼

Bonjour, vilain petit homme. Vous dites toujours que vous allez venir et tout se borne à des préparatifs ridicules. Vous mériteriez que je ne vous aime plus. En attendant, je vais vous faire de l’excellente tisanea et bien vous dorloterb. Je suis presque aussi bonne que vous êtes absurde, ce n’est pas peu dire. J’ai eu joliment froid cette nuit et j’ai encore bien froid au bout des doigts. Et penser que j’aurais pu avoir un CALORIFÈRE dans mon lit si vous aviez eu la moindre conscience et le plus petit grain d’amour. Je suis toujours très contente d’avoir sauvé mon pauvre petit argent des griffes du Villeneuve. Je trouverais très bête de tourner mes pouces tandis que M. Villeneuve et autres dansent et ballent en chianlit avec les Gotons du quartier. Mais si je veux m’acheter des belles robes, il faut que je me dépêche car ça fond chez moi, l’argent, comme du beurre à la poêle. Il n’y a que vous, vieux marbre, qui ne fondiez pas et qui ne vous échauffiez pas dans ma maison. Taisez-vous. Je vous aime et vous n’êtes qu’une bête. Je vous adore et vous ne venez pas, taisez-vous.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16337, f. 247-248
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « tisanne ».
b) « dorlotter ».


10 mars [1839], dimanche soir, 5 h. ½

À peine je vous ai vu, mon Toto, que vous avez disparu, vous êtes plus fugitif qu’un rayon de soleil de printemps : au moment où on croit se réjouir l’âme et se réchauffer le cœur à vos rayons vousa êtes hors de l’horizonb. Cependant je vous avais fait de la bien bonne tisanec. J’y avais mis tout mon savoir-faire et beaucoup de mon amour. Mais mon charme ou mon philtre, comme vous voudrez appeler cette boisson, n’a [pas] été assez fort pour vous retenir et je comprends maintenant pourquoi l’eau MERVEILLEUSE n’a pas pu convertir son public en poisson ni le retenir dans la salle plus ou moins DÉSERTE et nautique [1] : décidément, toutes les eaux merveilleusesd y compris la mienne ne sont que de l’eau claire. Je vous aime mon Toto, vous êtes mon adoré. Voici le petit Pierceau qui me dit qu’il a eu l’honneur de vous rencontrer. Il est bien heureux et je l’envie. Vous devriez bien revenir, ne fût-cee que pour voir comment je vous aime. Bonjour, bonjour, vous êtes mon Toto bien-aimé dont je raffole et dont je déraisonne.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16337, f. 249-250
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « rayons que vous ».
b) « horison ».
c) « tisanne ».
d) « merveilleuse ».
e) « fusse ».

Notes

[1À élucider

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