Paris, 2 avril 1882, dimanche midi
In hastea [1], mon cher bien-aimé, je te bâcle ma restitus avant d’aller recevoir les petits et grands Beaudoin et Parfait qui viennent déjeuner avec nous ce matin. La cause du retard de mon gribouillis vient de ce que je me suis mêlée au nettoyage annuel de la maison et à la quantité de lettres à dépouiller avant de les livrer au citoyen Lesclide. Maintenant que tout est à peu près en ordre je donne liberté entière à mes pattes de mouche avec mission de te porter au plus vite le meilleur de mon cœur. En même temps, je te donne avis qu’il y aura séance publique à deux heures mardi, quatre avril, au Sénat. Il n’est tel qu’un Sénat quand il se met en train, on ne peut plus le faire démarrera de son fauteuil curule. Cher adoré, je ris avec toi pour te prouver que je vais mieux et je t’adore pour te forcer à m’aimer un peu.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16403, f. 43
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette
a) « hast ».
b) « démarrer ».