Paris, 15 mars 1882, mercredi matin, 7 h. ½
Cher bien-aimé, je profite de mon meilleur moment de la journée pour te donner mon bonjour le moins endolori, le plus gai et le plus tendre. Que le mal vienne après s’il veut, j’aurai toujours accomplia ma mission qui est de t’aimer exclusivement. Quantb à ce que je t’ai dit hier soir à propos du mari de Virginie, j’aurais cru manquer à mon devoir en n’appelant pas ton attention sur les petits services qu’il rend dans ta maison, services désintéressés d’autant plus méritoires que son travail quotidien et obligatoire est très dur et très fatigantc. Maintenant que tu es averti tu restesd seul juge et bon juge de ce que tu as à faire et je n’ai rien à y voir.
Tu as reçu deux lettres ministérielles de la Guerre et des Postes et Télégraphes t’annonçant qu’on tiendra bon compte de ta recommandation [1] dès qu’il sera possible de le faire. Les autres lettres, je n’en parle pas, ce sont toujours les mêmes dont Lesclide te tient au courant tous les dimanches. À ce propos je crois que je vais lui dire de venir dîner ce soir. Qu’ene penses-tu ? Je t’adore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16403, f. 26
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette
a) « accomplis ».
b) « quand ».
c) « fatiguant ».
d) « reste ».
e) « quand ».
Paris, 15 mars 1882, mercredi matin, 10 h.
Mon cher bien-aimé, je te donne mon bonjour le moins engrimacé que je peux, tout en faisant forcément la part à mon mal, très tyrannique envers moi depuis longtemps. J’espère que tu me tiendras compte de mes efforts, même s’ils ne sont pas couronnés de succès autant que je le voudrais. Pour couper court à cette nouvelle rengaine je te dirai que tu as une charmante invitation très pressante et très pressée de Mme Floquet qui te prie d’assister avec tes enfants [2] au bal qu’elle donne demain en l’honneur de toute la marmaille officielle et autre, comme dirait le bon Lesclide. Ce bal ayant lieu dans l’après-midi ne dérangera en rien tes habitudes et ce sera pour toi une occasion de te montrer avec tes deux chers enfants et d’assister à leur triomphe et à leur joie. Moi je pourrais de mon côté aller acheter le linge [3] que tu avais promis d’acheter aujourd’hui. Ou si tu l’aimes mieux, je resteraia au logis à me reposer et à me soigner. L’important est que [tu] sois heureux demain en faisant le bonheur de tout le monde et en faisant honneur à l’invitation de Mme Floquet. Moi je t’adore dans tous les cas.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16403, f. 27
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette
a) « resterais ».