Paris, 11 mars 1882, samedi matin, 8 h.
Cher bien-aimé, il m’a semblé tout à l’heure que tu n’étais pas trop mécontent de ta nuit et de ta santé. Cette pensée suffit à égayer les miennes et c’est du plus profond de mon cœur que je te souris et que je te bénis. Je te fais souvenir que tu as séance publique à deux heures. Le dernier paragraphe du Sommaire sera sur la question du projet de loi tendant à rendre l’enseignement primaire obligatoire (Rivière [1] rapporteur), question qui t’intéresse plus que personne. Aussi je me permets de te le souligner pour attirer ton attention. Tu as oubliéa de me dire hier ce que tu voulais donner à la pauvre femme qui a soigné ton pauvre Pelleport avec un zèle et un dévouement notoirement touchantsb. Blémont te la recommande si particulièrement qu’il n’est pas possible que tu ne lui donnesc pas un secours, toi, qui en donnesd à tout propos et sans regarder à qui. Autre chose encore, je désirerais profiter de ta présence au Sénat pour aller voir ma sœur [2]. La pauvre femme ne doit pas comprendre pourquoi, venant si souvent dans son voisinage, je ne vais pas la voir et elle peut s’en étonner et s’en affliger et son fils aussi. J’espère que tu trouves cela juste et que tu me permettras d’aller l’embrasser aujourd’hui. Je t’en remercie d’avance et je t’adore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16403, f. 22
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette
a) « oublier ».
b) « touchant ».
c) « donne ».
d) « donne ».