1er mars 1882

Paris, 1^er mars 1882, mardi matin, 8 h.

Il me semble, mon grand bien-aimé, que ta nuit n’a pas été trop mauvaise. Puissé-je ne pas me tromper. Voici le premier mars qui fait son entrée avec armes et bagages : pluie et vent, soleil et giboulées, rien n’y manque. Tu es convoqué aujourd’hui au Sénat à trois heures. D’après le sommaire je crois que tu peux te dispenser d’y aller. Tu as tant de lettres, en dehors de celles que je n’ai pas eu le temps de lire depuis trois jours, auxquelles tu as à répondre, que tu ferais bien de rester chez toi tantôt pour en prendre connaissance. En attendant je te fais souvenir que c’est aujourd’hui
le jour des gages… 205 F. et
celui de l’argent de la maison… 200 F.
plus l’argent des billets de M^me Dorian que tu dois à Rosalie 100 F.
ce qui fait en tout 505 F.
Maintenant mon pauvre Crésus à toi de te tirer d’embarras comme tu pourras, moi je m’en lave les dix doigts et le pouce. Pourvu que tu m’aimes autant que je t’aime je me fiche de tout et… [AUTRE  ?].

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16403, f. 13
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette