Guernesey, 2 avril [18]63, jeudi, 2 h. après midi
Je ne sais pas comment cela sea fait, mon pauvre adoré, mais plus je me dépêche et moins j’avance et pourtant Dieu sait que je ne m’arrête pas. Cependant il faudra bien que je trouve le moyen d’être prête à sortir à quatre heures avec toi. Je veux écrire tout à l’heure à ma cousine pour lui montrer que je n’ai aucune mauvaise humeur de son refus trop naturel [1] puis j’ai encore ma chambre à faire et à me débarbouiller. Tu vois qu’il faut que je me hâte beaucoup pour arriver à l’heure, d’un autre côté il m’est impossible d’écrire tout de suite après mon dîner et le reste de la soirée est consacré à ta lecture. Mais d’un autre côté encore j’ai besoin de te dire ma tendresse et ma reconnaissance, il faut bienb que je te gribouille en courant. Je t’aime, mon Victor bien-aimé, bien grand, bien doux, bien bon, bien ineffable, bien charmant et bien adorable. Je voudrais [passer ma vie ?] à tes genoux, j’ai le cœur plein d’admiration et de bénédiction, je t’aime, je t’aime, je t’aime.
Juliette
BnF, Mss, NAF, 16384, f. 85
Transcription de Chantal Brière
a) « ce ».
b) « bien » est noté deux fois.