Guernesey, 3 janv[ier] 1863, samedi, 2 h. après midi
Mon bien-aimé, je diffère en cela du temps d’aujourd’hui que mon cœur est au beau fixe, c’est-à-dire à l’amour, c’est-à-dire au bonheur. J’espère que de ton côté rien ne t’empêchera d’être gai et heureux ce soir. Je prépare tout pour cela, puissenta les fâcheuses nouvelles ne pas venir à la traverse de tous ces joyeux petits préparatifs. En attendant je fais faire MON JARDIN par Henry dans l’espoir de récolter trois ou quatre poires et la moitié d’une pomme. Mais cela me fait illusion et je n’en demande pas davantage. Dès que tu auras un moment à me donner je te parlerai au sujet de Corbin dont la nouvelle manière avec moi me surprend, sans m’irriter, et je tiendrais à lui faire savoir que j’entends et qu’il convient de continuer mes relations avec lui comme une simple malade avec son médecin. Pour cela je voudrais lui demander sa note et la lui payer séance tenante, ne t’y oppose pas. Mais dans tous les cas je t’aime de toute mon âme.
BnF, Mss, NAF 16378, f. 3
Transcription de Chantal Brière
a) « puisse ».