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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 10 novembre [18]64, jeudi soir, 5 h.

Je profite du premier rayon de lune pour t’écrire un mot. Tant pire si mon style se ressent de ce clair obscur entre chien et loup mais je ne peux pas faire autrement puisque je n’ai pas eu le temps depuis sept heures du matin que je suis levée de me tailler une pauvre petite restitus d’amour dans toute cette longue journée occupée mais insipide. Heureusement que j’ai [une ligne illisible] pour me rabibocher de tous mes ennuis de la journée. Hélas ! je jouis de mon reste car bientôt elles (les soirées) ne m’appartiendront plus à l’exception des deux de fondation par semaine. Je m’en réjouis pour toi et pour ta famille mais mon égoïsme s’en émeut et voudrait pouvoir tout accaparera sans [illis.] votre [illis.] malheureusement ce tour de force n’est pas en mon pouvoir. Aussi je m’acharne avec tout mon cœur sur le peu de temps qui me reste à te posséder presque tout entier. Mais je n’y vois goutte car la lune joue à cache-cache avec les nuages. Décidemment il faut que j’allume ma lampe si je ne veux pas mettre mon cœur dans [illis.] au lieu de le fourrer dans le tien. Je sens que je te dis des inepties qui n’ont ni queue ni tête et que je suis encore plus bête à tâtonsb qu’au grand jour. Là-dessus je te baise à l’aveuglette et je t’adore dans les étoiles.

BnF, Mss, NAF 16385, f. 231
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Florence Naugrette

a) « acaparer ».
b) « à tâton ».

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