Paris, 1er mai [18]79, jeudi matin, 7 h.
Je t’aime mais je suis une grosse huberlue qui ne sais pas ce que je fais, témoin le gribouillis d’hier que je retrouve à la place où je l’avais mis avec l’intention de te le porter dès que ta porte serait ouverte. Maintenant, est-ce bien la peine de te donner ce vieux billet doux qui n’a plus l’intérêt de l’opportunisme et de l’actualité ? Si je le fais ce sera pour ma propre satisfaction et pour te prouver que je ne suis pas un jour, pas une heure, pas une minute sans penser à toi et sans t’aimer. Oh ! oh ! deux télégrammes à la fois ! voyons ce qu’ils contiennent :
1° celui de Rome signé Castellani : La Démocratie romaine réunie le 30 avril dans un banquet fraternel envoie à la noble France et à l’illustre citoyen Victor Hugo tous ses vœux pour le succès de la liberté.
2° Roma, encore, et signé : Serfonia du Trastevereb : Salut fraternel à la démocratie française en l’honneur de l’anniversairec du 30 avril.
Ce soir tu pourras donner ces deux télégrammes à Vacquerie qui les publiera probablement dans Le Rappel [1]. En attendant, moi, je te télégraphie mon amour par A plus B avec ce mot tout entier : je t’adore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16400, f. 116
Transcription de Chantal Brière
a) L’orthographe reproduite dans Le Rappel est Scifoni.
b) « Transtevera ».
c) « annivers ».