8 juillet [1837], samedi midi ½
Vous serez un bon et charmant petit homme, mon Toto, si vous revenez tout de suite comme vous me l’avez promis. Je vais me dépêcher de m’habiller pour ne pas me faire attendre, mais je dois vous prévenir que je ne compte pas beaucoup sur votre promesse. Vous vous êtes encore joliment moqué de mon orthographe aujourd’hui [1]. Tout cela m’autoriserait, si je voulais, à ne vous plus écrire un seul mot de ma vie. Ce que je ferais si je croyais vous punir, mais je sais très bien que c’est l’autre chose qui vous punit. Jour mon petit gros to. Jour vieux [Guerardini [2] ?] qui me faites accroirea que le café m’est contraire pour prendre toute la crème à mon nez et à ma barbe. Je vous connais, je vous connais, allez. Je ne suis pas votre DUPE. Vous faites semblant de me plaindre et vous me refusez le seul remède à tous mes maux : le VOYAGE. Vous êtes un MONSTRE. Je ne tarirais pas si je voulais énumérer tous mes griefs et étaler toutes mes plaintes. Mon papier est court, mon amour est LONG. Je l’emploie à vous dire ceci : je vous aime mon Toto. Je t’aime mon Victor. Je t’adore mon cher petit homme.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16331, f. 27-28
Transcription de Sylviane Robardey-Eppstein
a) « à croire ».