Paris, 20 avril [1879], dimanche matin, 8 h.
Vieille bonne femme vit encore, tant pis pour vous ! Cher bien-aimé, je te souris dès que je le peux pour bien te prouver que lorsque je ne le fais pas toujours c’est que je souffre au dessus de mes forces. Cette nuit a été très rude mais en fina de compte je souffre beaucoup moins en ce moment. J’espère que cela va continuer tout le reste de la journée. En attendant je suis déjà allée jusqu’à ton lit te porter mon bonjour très allègrement. Tu dormais très profondément, ce qui m’a fait d’autant plus de plaisir que Mariette m’a dit que ta nuit a été médiocre et agitée. Le temps y est pour beaucoup, je crois, pour toi comme pour moi ; aussi j’attends avec bien de l’impatience l’arrivée des vrais beaux jours.
Il paraît que tu as envoyé ton portrait signé avec force marivauderie autour puisque Mme de Narb [1] t’en remercie ce matin dans un tendre dithyrambec, ce que je comprends de reste d’après mon propre enthousiasme et ma persévérante adoration.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF, 16400, f. 106
Transcription de Chantal Brière
a) « enfin ».
b) « Nard ».
c) « dityrambe ».