Paris, 19 juin [18]78, mercredi soir
Cher bien-aimé, ne sachant à qui m’en prendre de mon malaise et de ma lassitude hébétée je l’attribue au déplorable temps qu’il fait et que rien ne justifie. Cela fait, je pense à toi et je t’aime comme en pleine jeunesse et je te souris et je t’admire et je te bénis et je t’adore avec toutes les saintes ivresses de l’âme qui serait déjà au ciel. Je n’ai pas encore pu prendre sur moi d’écrire à d’Escamps ou à la mère Lanvin tant j’ai le cœur douloureux. J’espère que demain j’aurai plus de courage. En attendant, je prie Dieu de veiller sur toi et de te donner, en même temps que la gloire, tout le bonheur que tu mérites.
J’ai fait mettre tes deux lettres à la poste et j’ai rangé moi-même dans ton cabinet les journaux et les livres que tu n’as pas eu le temps d’ouvrir et le nombre en est considérable. Je doute que tu puissesa jamais en prendre connaissance malgré ta bonne volonté.
BnF, Mss, NAF, 16399, f. 162
Transcription de Chantal Brière
a) « puisse ».