Paris, 26 mai [18]78, dimanche, 7 h. du soir
Cher bien-aimé, toutes les brumes qui étaient sur mon cœur depuis ce matin se sont dissipées devant les magnifiques et sublimes choses que tu nous as lues tantôt. Mon âme en est imprégnée et ma pensée tout entière s’absorbe dans l’admiration de ton génie divin. Je ne vois plus que lui et je t’aime avec la douce et confiante bonne foi d’une dévote pour son bon Dieu. Je t’adore et je te bénis. La déception prévue du pauvre Paul Foucher [1] me fait une vraie peine parce que je sens combien il doit souffrir. Je crains même qu’il ne soit pas assez fort pour supporter sa douleur. C’est un grand malheur que ce pauvre garçon se soit tout d’abord amouraché dans de si mauvaises conditions à beaucoup de points de vuea physiquesb et financiersc. Tu as bien fait de ne pas lui enlever tout espoir ; il vaut mieux que de lui-même il renonce peu à peu au bonheur qu’il avait rêvé. Quant à moi je ferai tout mon possible pour adoucir son chagrin. En attendant, mon cher bien-aimé, je me livre corps, cœur et âme à ton amour qui est ma vie.
BnF, Mss, NAF, 16399, f. 138
Transcription de Chantal Brière
a) « point de vues ».
b) « phisyques ».
c) « financières ».