Paris, 8 avril [18]78, lundi matin, 10 h.
Cher bien-aimé, il est impossible de choisir un plus beau temps pour une partiea carrée qui n’est que la moitié d’une partie fine, hélas ! que la journée d’aujourd’hui toute rayonnante de soleil et des souffles du printemps. Je te remercie d’y avoir consenti et j’espère m’en rendre digne en me portant comme le Pont-neuf. Je viens d’envoyer prévenir les Lesclide pour ce soir ; reste à savoir comment nous achèverons le reste de la soirée du moment où tu ne veux pas aller revoir Les Misérables. À ce propos je te dirai que Paul Meurice compte sur toi demain [1], si j’osais j’ajouterais : et sur moi aussi. Mais je garde la modestie qui me convient. La pièce d’Augier passe ce soir [2], Naquet est élu à Apt et le pauvre Asseline [3] sera enterré demain, tels sont les événements. Je viens de lire le bel et bon article de [Talmier ?] sur ton fils Charles et sur son admirable livre Le Cochon de saint Antoine que j’ai été la première à lire et à admirer à Guernesey quand il a paru. Tu te souviens de mon enthousiasme qui n’a fait que grandir depuis et combien j’aimais ce fils si digne de toi par le talent et si adorablement beau comme sa mère. Que leur doux souvenir soit à jamais béni sur la terre comme au ciel et toi adoré par moi toute l’éternité.
BnF, Mss, NAF, 16399, f. 95
Transcription de Chantal Brière
a) « parti ».