Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1847 > Septembre > 21

21 septembre [1847], mardi matin, 7 h. ½

Bonjour, mon Victor, bonjour, mon Toto, bonjour doux bien-aimé, bonjour comment vas-tu je t’aime ? Moi je vais GISORS ! et j’irais encore mieux plus loin mais enfin faute de place je me contente de ce petit Gisors-là.
Il faudra que tu me dises à peu près le jour où nous partirons, parce que j’ai un petit sac de nuit à faire et quelques petits arrangements à faire faire pendant mon absence. Tu me diras cela la veille ou l’avant-veille, cela me suffira. Je me promets de bien mettre à profit les deux seuls jours entiers que tu me donneras et les autres petits moments que je pourrai glaner par-ci par-là. Je veux être bien heureuse, même en dépit du temps qui ne paraît pas être de très bonne humeur. Il est probablea que nous aurons de la pluie tout le reste de la lune, ce qui sera fastidieux pour nos divers paletots. Quant à moi je veux que ma gaîté soit imperméable et qu’elle brave tous les éléments. Je ne veux subir d’autre influence que la tienne et puis, pour me faire trouver le temps moins long et moins insupportable dans cette chambre d’auberge, tu me donneras du Jean Tréjean à copier. Ce sera très doux et très charmant. Je voudrais déjà y être parce que je serai plus près de la journée de GISORS, au risque d’être plus près aussi du regret que mon bonheur ait été si court. Tu vois, mon adoré, que je ne suis pas facile à contenter entièrement.

Juliette

MVH, α 7980
Transcription de Nicole Savy

a) « propable ».


21 septembre [1847], mardi après-midi, 2 h. ½

J’espérais que tu viendrais, mon cher petit homme adoré, en allant conduire Charlot au chemin de fer [1], car il est très probable que tu y seras allé ou que tu iras. Il est vrai que dans ce dernier cas tu ne serais pas encore en retard avec moi. D’ailleurs j’avoue que tous les prétextes me sont bons pour espérer te voir et que tout m’est prétexte, même le désir de te voir, pour t’attendre plus tôt que tu ne peux ou ne dois venir. Tout cela n’empêche pas le mal de tête d’aller son train AU CONTRAIRE. Dans ce moment-ci j’en ai un sterling. Je compte beaucoup sur Rouen et sur Gisors pour me l’ôter, quitte à le reprendre sur le seuil de mon logis. Je voudrais déjà être, non au mal de tête, mais à Rouen. Il me semble, tant je le désire, que je n’y arriverai jamais assez tôt et cependant les regrets suivront de bien près le bonheur. Je suis dans une disposition d’esprit triste et nébuleuse aujourd’hui, je ne sais pas pourquoi. Mais tu sais, on a des jours comme cela, où les larmes vous montent aux yeux sans motifs apparents. Je suis dans un de ces jours-là, ce qui ne m’empêche pas de t’aimer et de te sourire car tu es mon bien-aimé adoré que je vais posséder pendant deux bonnes journées. En attendant je pense à toi avec amour et bonheur.

Juliette

MVH, α 7981
Transcription de Nicole Savy

Notes

[1La famille Hugo part pour Villequier, avant le poète qui partira le 30, accompagné de Juliette.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne