4 juillet 1856

Guernesey, 4 juillet 1856, vendredi après-midi, 4 h.

Je ne t’ai pas vu encore, mon cher petit homme, et je n’ose pas aller à la recherche de mon capitaine Pengalley dans la crainte de te manquer. Cependant, il y a urgence pour moi à aller m’entendre avec le susdit capitaine, aussi il est probable que dès que j’aurai fini mon gribouillis, j’irai aux informations. Tout cela ne prendra guère que le temps d’aller et de venir du marché ici. Du reste, il faut bien que je sente la nécessité de faire cette démarche car j’ai une migraine si violente et je suis si souffrante de partout que je préférerais rester dans le repos et dans l’immobilité absolue plutôt que de me déplacer. Tu vois d’ailleurs que ce n’est pas le défaut d’exercice qui provoque ces maux de tête de plus en plus fréquents et de plus en plus hideux car, Dieu merci, j’en fais assez tous les jours dans ma maison et dehors. Peut-être même est-ce à l’excès de fatigue que je dois l’espèce de quasi-maladie que je ressens depuis quelques jours. Je dois cruellement t’ennuyer^a avec mes jérémiades continuelles, mon pauvre bien-aimé, mais aussi c’est ta faute car les trois-quarts du temps, tu ne saurais pas si je souffre et si je suis stupide sans la RESTITUS. Cela t’apprendra à en demander, de la restitus ; en attendant, je t’aime à tous^b crins et je regarde MES OUVRIERS de MA MAISON. Attrapé ! J’irai et je viendrai par la rue des cornets de la maison au marché et vice versa.

Juju.

Bnf, Mss, NAF 16377, f. 187.
Transcription de Mélanie Leclère, assistée de Florence Naugrette.

a) « t’ennuier ».
b) « tout ».