Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1864 > Juillet > 20

Guernesey, 20 juillet [18]64, mercredi, 1 h. après-midi

Je ferai ce que tu voudras, mon doux adoré, trop heureuse si je parviens à te contenter absolument. Cette nuit, si tu veux, je pourrai laisser passer une dose de café que je décanterai demain matin et ainsi de suite tous les jours et toutes les nuits. Cela est très facile. Seulement dans ma pensée la traditiona est que le café le meilleur et le mieux dépouillé est celui qui se fait vite. Mais là n’est pas la question. Ce que je veux, mon cher petit homme, c’est de faire ta petite cuisine du matin à ton goût. Tu avais arboré ton petit signal de bonne heure ce matin. J’espère que cela veut dire que tu as bien dormi. J’en doute encore, quoique je t’aie vu tantôt. Mais ton apparition est si courte que c’est à peine si nous avons le temps d’échanger quelques monosyllabes se croisant en sens contraire et n’aboutissant pas le plus souvent à nous convaincre l’un et l’autre de ce qui nous intéresse. J’espère, je te le répète, parce que je le désire ardemment, que tu as passé une bonne nuit sans insomnie. Quant à moi j’ai dormi jusqu’à quatre heures ce matin d’un assez bon sommeil. Depuis ce temps je suis en proie à un mal de cœur bien gênant. J’ai eu vers sept heures des velléitésb de vomir qui n’ont servi qu’à me fatiguer car je n’avais rien dans l’estomac. J’ai peu déjeunéc et sans appétit. Mais le mal de cœur persiste toujours. Le grand air me fera du bien probablement. En attendant je t’aime comme je t’aime toujours c’est-à-dire de tous les amours possibles et à la fois. Je ne te souhaite pas ta fête aujourd’hui plutôt qu’un autre jour parce que tu es toi-même la fête de mes yeux, de mon esprit, de mon cœur et de mon âme et que je t’adore depuis un bout à l’autre de l’année.

J.

BnF Mss, NAF 16385, f. 194
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Florence Naugrette

a) « la tradision ».
b) « veilléités ».
c) « j’ai peu déjeuner ».

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne