[1833 ?]
Mardi, 4 h.
[20 août 1833] [1]
Ma première pensée en me réveillant, a été pour toi mon bien-aimé – Je t’aurais écrita ce matin si je n’avais pas craint de t’affliger par une tristesse et une inquiétude injuste et presque injurieuse – Pardonne, je suis jalouse – mais je t’aime. J’ai remis à ce soir de t’écrire – Cette précaution sera presque inutile – Je suis aussi triste et aussi tourmentée que ce matin – Cependant, je voudrais t’écrire des paroles douces et affectueuses telles que je les sens – quand l’absence et la jalousie ne les dénaturent pas – Je t’aime, mon Victor bien aimé, je t’aime – Je voudrais mourir pour toi – et toi, m’aimes-tu toujours autant ? Il me semble que ces journées de travail et de séparation amènent du refroidissement dans ton amour – Mon Dieu ! pourvu que je me sois trompée – pourvu que tu m’aimes – Va, je suis bien malheureuse d’en douter. Oh ! Je t’aime –
Adieu. Je te donne un baiser de mes lèvres fiévreuses.
Juliette
Je suis toujours très seule – et j’ai donné chez moi – et chez la portière une consigne sévère de ne laisser monter ni entrer personne chez moi – Je suis alléeb hier chez la couturière et la fleuriste pour mes costumes – [illis.] m’a reconduitec le soir – et aujourd’hui je ne suis sortie que pour ma répétition – Maintenant je vais tâcher de ne pas trop penser à vous – pour étudier un peu –
[Adresse]
16e
[Pour ?] Victor
BnF, Mss, NAF 16322, f. 64-65
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « écris ».
b) « allé ».
c) « reconduit ».