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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 16 avril [18]73, mercredi matin, 7 h. ¾

Je t’aime, j’ai dormi comme un noir et mon bobo s’apaisea tout doucement. J’espère qu’avec un peu de bonne volonté de ma part il n’y paraîtra plus tantôt, surtout si de ton côté, mon ineffable bien-aimé, tu vas bien et si tu m’aimes comme je t’aime à mailles si serrées que l’âme ne puisse jamais passer à travers. Ton amour, voilà ma panacée. Avec lui je ne crains rien et ma vie est soudée à ton corps mieux qu’avec chaux et ciment… Je répète notre chère prière et je nous confie à Dieu tous les deux.
Ne t’inquiète pas de moi je me soigne, je m’indulge, je me dorlote tant que j’en suis bête. Je resterai au lit le plus tard que je pourrai parce que je sens que cela me fait grand bien. Je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16394, f. 103
Transcription de Maggy Lecomte assistée de Florence Naugrette

a) « s’appaise ».


Guernesey, 16 avril [18]73, mardi, 9 h. du m.

Cher adoré, sans le vouloir tu m’encourages dans la maladrerie indéfinie en me comblant d’un doux petit mot chaque fois que je geins plus haut que de coutume. Il faut toute ma conscience et tout le respect que je dois à ton travail sacré pour ne pas en abuser en prolongeant mes stupides bobos. Je garde mes deux petits billets d’hier et d’aujourd’hui comme deux perles d’amour et de bonté divine qui augmentent d’autant mon cher trésor ; mais en même temps je veux faire preuve de délicatesse et de probité en ne provoquant pas tes tendres largesses au-delà de mon mérite de vieille infirme. Dès aujourd’hui je veux aller très bien et je fais sérieusement tout ce qu’il faut pour cela, à preuve que je suis encore dans mon dodo. J’espère que je ne te laisserai rien à désirer de ce côté-là quand nous nous retrouverons tantôt. Je voudrais bien pouvoir en dire autant de tout ce qui intéresse ton pauvre cœur inquiet et attristé du silence de ta chère famille. Quel bonheur pour toi et pour moi si tu en avais de bonnes nouvelles aujourd’hui !

BnF, Mss, NAF 16394, f. 104
Transcription de Maggy Lecomte assistée de Florence Naugrette

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