26 septembre 1861

Guernesey, 26 septembre 1861, jeudi matin, 7 h. ½

Bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour, mon adoré petit homme, bonjour, je te souris, je t’aime, je te bénis. Je voudrais passer ma vie à tes pieds uniquement occupée de toi et ne plus savoir que rien n’existe en ce monde que mon amour.
J’espère que tu as bien dormi, mon cher bien-aimé, et que tu vas bien ce matin ? De mon côté je suis tout à fait guérie de mon rhume, de mes yeux et de ma méchanceté. Je voudrais que la pauvre Suzanne fût aussi elle hors d’affaire. J’espère que le docteur Corbin l’aidera avec tout son zèle à se tirer de ce rhume opiniâtre le plus tôt possible. Quant à moi je le seconderai de mon mieux dans cette tâche quoiqu’il soit assez difficile de soigner cette pauvre entêtée dont le penchant est de résister à tous les conseils qu’on lui donne même dans son intérêt le plus direct et le plus personnel. Enfin nous ferons de notre mieux pour la guérir le plus tôt possible. Pauvre Suzanne ! Je lui dois bien cela ! Ce ne sera pas de ma faute si elle n’est pas guérie bientôt.
En attendant nous voici abonnés pour quinze jours encore à Miss Allix. Avec une autre qu’elle ce serait tout plaisir mais enfin telle qu’elle est ces quinze jours passeront encore bien vite [1]. L’important est que tu ne t’ennuies pas trop ni ton fils non plus. Je ne sais pas ce que je ferais pour que toi et lui vous ayez tout ce que vous pouvez désirer en ce monde. Malheureusement mes souhaits et mes désirs sont impuissants et je ne peux que t’aimer de toute mon âme.

BnF, Mss, NAF 16382, f. 107
Transcription de Florence Naugrette