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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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18 juin 1838

18 juin [1838], lundi après-midi, 2 h. ¼

J’aime mon Toto, j’aime mon Toto, je ne sors pas de là. Je suis bien fâchée d’avoir fait des bavardages chez la mère Pierceau et vous êtes bien bon de ne m’avoir pas tiré les oreilles bien fort pour m’apprendre à avoir la langue moins longue une autre foisa. Dans tous les cas, j’espère que mon cancan n’aura aucune suite fâcheuse pour tes intérêts. S’il en était autrement, je ne me le pardonnerais pas, mon amour. Jour mon petit o, jour mon gros To, il continue de tonner et de pleuvoir, ce qui vous empêchera de me faire sortir. MON CHER AMI, je veux une culotte [1] tout de suite, plus tard vous me la doublerez mais je la veux tout de suite à l’état simple et naïf. Si vous ne me la donnez pas, je me porterai à quelques excès effroyables sur votre personne sacrée. Je veux une culotte, je veux une culotte ! Jour To, jour mon petit o, vous avez pissé dans mon petit pot de sambre après que je l’avais lavé. Si ça vous arrive encore, je vous arrangerai moi, qu’est-ce que c’est que ça ? Baisez-moi tout de suite ! Je vous aime et je vous pardonne. Voilà le beau temps revenu, c’est l’instant de vous montrer, je vous attends.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 280-281
Transcription d’Armelle Baty assistée de Gérard Pouchain

a) « autrefois ».


18 juin [1838], lundi soir 8 h. ½

Je sais bien, mon petit homme, que c’est pour m’attrapera que vous me promettez de revenir tout à l‘heure, aussi je vais aller me promener sans vous aux Tuileries. Qui est-ce qui est collé ? Réponse, C’EST TOTO. Je ris mais je n’en ai pas la moindre envie. Le silence de Mme Lanvin d’une part et la perspective d’être un mois ou deux sans te voir ou si peu que ce sera comme une goutte d’eau sur une plaque de fer rouge tout de suiteb absorbée, tout cela m’attriste outre mesure. Je te promets pourtant, mon bon petit homme, de faire tous mes efforts pour te cacher mon chagrin car je sens que tu ne peux pas sans de grands inconvénients t’occuper de moi quand tu travailles sérieusement. Jour mon petit o, jour mon petit o. Si vous revenez me chercher pour sortir ce soir, je vous promets d’être bien silencieuse et de ne vous aimer qu’en dedans. Toto je t’adore. Toto je t’aime. Toto tu es ma joie et ma vie. Toto tu es beau. Toto tu es bon. Toto tu es grand. Toto je t’adore.

Juliette

BnF, Mss NAF 16334, f. 282-283
Transcription d’Armelle Baty assistée de Gérard Pouchain

a) « attrapper ».
b) « toute suite »

Notes

[1Festin, bombance.

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