Paris, 27 février 1877, mardi 2 h. du soir [1]
Cher bien-aimé, je suis encore dans le brouhaha de ta fête, dans le parfum des fleurs, dans l’encens de la gloire, dans l’ivresse de mon amour béni. J’en oublie le boire et le manger et un peu aussi le nom de nos invités. Je tâche de mettre un peu d’ordre dans tout ça avant que tu descendes. Mme Charles m’ayant fait dire qu’elle ne dînait pas ce soir avec nous, ni ses enfants non plus, j’ai fait inviter Catulle Mendès, Roujon et Pierre Elzeara par les Lesclide. Ai-je bien fait ? That is the question dont toi seul es juge. Demain, à nos hôtes habituels du mercredi s’ajoutera Ed. Douayb. Jeudi nous aurons Lockroy, Pelletan, Louis Asseline et sa femme et les deux Allix [2]. Vendredi Robelin et… qui tu voudras. Samedi les sénateurs. Dimanche le personnel habituel, moins les deux Koch [3], qui sont déjà remplacés par Mme Versigny d’une part et peut-être par Mme Judith Gautier si tu le trouves bon. Lundi nous dînons chez les Lefèvre et mardi prochain nous avons Magen, qui t’a envoyé son journal ce matin avec une lettre très expressive, les trois Massicault, Noël Parfait, Calmann-Lévy et ton neveu Léopold [4]. Te voilà bien renseigné, j’espère. Il ne me reste plus qu’à t’apprendre cette grande nouvelle : je t’aime. Je te souris, je te bénis, je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16398, f. 61
Transcription de Guy Rosa
[Souchon, Massin]
a) « Elzeard ».
b) « Douai ».